LE CHIAPAS :
Est l'un des états de la République Fédérale du Mexique qui est situé au sud de la péninsule du Yucatán ( voir N° 7 sur la carte ci-jointe ).
Il couvre environ 75 000 km² sur les 2 millions de km² du Mexique. On recense plus de 3 millions d’habitants dont 2 millions d’indigènes, d’indiens et de métis. Cet état est particulièrement riche en ressources naturelles (pétrole, énergie hydroélectrique, gaz, café…). Paradoxalement il reste l’Etat le plus pauvre socialement du pays. En effet 2/3 des habitants n’ont pas accès à l’électricité ou à l’eau courante.
Situation difficile
Le 1er janvier 1994, (date de la mise en place de l’accord de libre échange entre le Mexique et les USA), l’EZLN (Armée Zapatiste de Libération Nationale) descend des montagnes pour occuper les 4 principales villes Chiapanèques. Ils revendiquent « la terre pour ceux qui la travaillent, l’accès à l’éducation et à la santé, la démocratie, la justice, la liberté, la dignité pour tous, le respect des populations et des cultures indiennes ».
Après de longues années de contestation aujourd’hui le dialogue semble doucement réapparaître avec les efforts du gouvernement Mexicain. Encore de nombreux points restent à éclaircir. Cependant cette guerre aura engendré des milliers de familles déplacés et a laissé de nombreuses communautés dans un grand état de pauvreté.
OCOSINGO ET TONINA :
Oui, il faut absolument, lorsque l’on va de Palenque à San Cristobal De Las Casas (ou l’inverse) faire étape dans cette petite ville, ignorée des circuits touristiques, des tours opérateurs mais pas des vrais curieux de la vie des mexicains.
En arrivant à Ocosingo nous sommes à 900 mètres d’altitude, à la limite entre les Basses et Hautes Terres maya.
Ici, vous entrez dans une oasis de vraie vie, celle de tous les jours, des gens qui vendent et de ceux qui achètent, une petite ville que la route laisse à son bord, un peu en contrebas.
Vous descendez donc jusqu’au Zocalo, bordé comme il se doit par un beau bâtiment municipal, une sobre église toute blanche ayant échappée au baroque et churrigueresque (baroque mexicain), une église de tous les jours pour la prière des croyants, un adorable hôtel qui pourrait être le lieu d’une nouvelle romanesque et qui avec sa galerie terrasse pour boire un verre ou se restaurer est un superbe observatoire de la vie qui passe et parfois s’arrête : le temps d’une glace, d’un baiser sur un banc ou d’une rencontre connue.
De cette place partent des rues aux maisons colorées, aux échoppes décorées ; en prenant l’une d’elles vous êtes certains d’arriver au marché, la foule vous y porte ; c’est là que vous prendrez un combi pour le site de Tonina.
Vous êtes à la campagne, la route qui mène à Tonina borde des pâturages, des vaches y broutent tranquillement, la campagne est verte et vallonnée, c’est une autre vision du Mexique, plus douce champêtre, apaisante.
TONINA
Le site est construit comme une immense pyramide adossée à une colline, sa verticalité est un élément de sa beauté.
Découvert dans les années vingt, objet de plusieurs campagnes de fouilles par des archéologues français dans les années soixante dix, il a réellement été mis en valeur dans les années quatre vingt ; le beau musée attenant a été ouvert en 2000.
Le site apparaît précédé d’un grand jeu de pelote que l’on traverse pour être sur la grande plazza au fond de laquelle se dressent sur 80m de haut et sur 7 terrasses des habitations, des bâtiments officiels, des palais et des temples; parmi eux le palais de l’inframonde ou palais de la nuit, labyrinthe indirectement éclairé par de petites ouvertures cruciformes.
Le Palais de Kukulkan, le mural des « cuatro eras », magnifique bas relief illustrant la cosmogonie du peuple de Tonina avec des figures symbolisants des têtes à l’envers représentent des soleils qui observent le ciel.
A gauche cette extraordinaire stèle magnifique représentant Izots Choj.
Après avoir gravi tant de marches et joui en haut d’une vue magnifique sur toute la vallée, un arrêt nécessaire au musée comblera votre visite.
La visite de ce site laisse percevoir la cruauté de ses habitants, mais telle était la vie de ce peuple dont les valeurs étaient bien loin de notre civilisation . Allez un dernier regard sur la campagne environnante, une soirée sur le zocalo de Ocosingo et vous reprendrez la route comblés par cette étape.
Le lendemain matin, nous poursuivons la route en lacets en épingle à cheveux nous fait découvrir les croix et chapelles dans les tournants, en mémoire des victimes de la vitesse ou de la tequila. Ces hommages aux défunts s’inscrivent dans les traditions mexicaines, venant des temps les plus reculés. Aussi ces monuments sont fleuris et soignés, chaque mort ayant le sien, on peut ainsi voir cinq ou six croix les unes à côté des autres. Ce qui fait que chaque virage comporte son lot de croix et invite à rouler prudemment.....
San Cristóbal de las Casas :
Altitude 2100 m; était une une ville précolombienne assez importante lorsqu'en 1528 elle fût conquise par les espagnols avec à leur tête Diego de Mazariesgos. La ville doit son nom à Fray Bartolomé de Las Casas, évêque du Chiapas en 1554 et déjà protecteur des populations indiennes. C'est non loin de cette région du Chiapas très peuplé et qui regroupe 3,6 millions d'habitants que naquit depuis 1994 le soulèvement des indiens du Front Zapatiste de libération nationale comprenant des, Tzotziles, Tzeltales, Choles, Tojolabales, Zoques ... avec à leur tête le Sous - Commandant Marcos l'EZLN (Ejercito zapatista de liberación nacional).
La ville et la région ont connu la répression notamment dans Acteal il y a quelques années, lors du soulèvement zapatiste. et 1999, qui fera office de médiateur auprès du gouvernement, qu'une relative paix s'installera. "Pour la reconnaissance de la dignité et des droits individuels et collectifs des peuples indigènes ". Ce mouvement bénéficie d'un grand soutien international, mais aussi l'appui de l'opinion publique mexicaine.
Ravissant San Cristobal, avec ses maisons basses et colorées. Nous nous rendons dans notre hôtel pas cher avec un patio fleuri et plein de perroquets.
Il y a 56 ans à San Cristóbal de las Casas; Franz Blom archéologue Danois, mort en 1963 et son épouse Gertrude Duby disparue en 1993 achetèrent une grande bâtisse à l'abandon qu'ils baptisèrent : Na Bolom " la maison des jaguars" où le couple étudia pendant de nombreuses années la communauté des Lacandóns ( voir notre page ) ainsi que la forêt qui les abrite dans un but écologique. Na Bolom devint petit à petit le lieu de rencontre de nombreux archéologues et ethnologues et est actuellement un musée qu'il vous faut visiter. Il y siège aussi l'Institut d'études et de préservation des cultures indigènes du Chiapas. Vous y trouverez de nombreux ouvrages et photos sur les conditions de vie des différentes communautés indiennes .
Situé à plus de 2000 m d'altitude dans "la selva chiapaneca" au cœur de la région indienne de Chiapas, le marché de San Cristóbal de las Casas réunit marchands et clients de tous les villages mayas de la région. Des indiens Tzeltales et Tzotziles de Chamula, de Zinacantán, de Tenejapa, se lèvent très tôt le matin et descendent avec des ânes ou à cheval ou en camion de la montagne environnante et viennent y vendre les fruits et légumes qu'ils produisent : haricots, calebasses, tomates, oignons, qui constituent, avec les produits de la chasse, la base de l'alimentation locale. Vous y trouverez aussi un marché spécialisé aux fleurs.
Dans cette région on dénote les vêtements tissés de cérémonie (usage rituel) et ceux d´usage quotidien qui sont différents selon la situation géographique et le groupe humain dont il s´agit; qu´ils soient de laine ou de coton, les tissages sont tous exécutés en utilisant un métier à tisser , avec des parties brochées et brodées à la main.
La coopérative des femmes artisans (SNA Jolobil ) propose des tissus colorés fabriqués sur des métiers à tisser traditionnels dit " de ceinture" ainsi que des objets de vannerie et des fameux huipils, tuniques blanches brodées, poteries, et de vastes chapeaux soit en paille, ou enrubannées qui font la joie des touristes.
Sna Jolobil, une coopérative textile du Chiapas qui à été fondée en 1978 : Les 800 tisserandes de la coopérative Sna Jolobil appartiennent toutes à l’une des vingt communautés Tzotzil et Tzeltal de la région de San Cristobal de las Casas. Ce sont les meilleures brodeuses du Chiapas. Les objectifs fondamentaux de Sna Jolobil sont directement liés au développement et à la revitalisation des techniques traditionnelles de l’art textile maya.
Au cours des premières 25 années de fonctionnement de cette association, les membres de Sna Jolobil ont orienté leur développement vers de nouveaux objectifs à caractère culturel et social. La promotion et la vente des différents produits textiles, élaborés au moyen de la technique préhispanique du métier à tisser à la ceinture, fournissent aux familles indigènes de cette organisation 70% de leurs ressources économiques ainsi que des contacts socioculturels avec le monde extérieur. Réservez donc vos achats et notamment les huipils, (sorte de tuniques blanches brodées) à cette coopérative qui assurent aux tisserandes un revenu supplémentaire proportionnel à ce qu’elles vendent .
Un revenu qui fait la différence à la fin du mois et qui leur permet d’acheter des médicaments ou des livres scolaires pour leurs enfants !
Une autre tradition artisanale de la région est l'ambre mais là attention aux contrefaçons.Il y a aussi quelques magasins où l'on fabrique des objets avec du jade ou jadeïte qui a été considéré depuis l´époque préhispanique comme une pierre de grande valeur et un symbole de pouvoir économique. .Le jade est une pierre minérale qui s´est formée dans la croûte terrestre il y a plus de 400 millions d´années et, au Chiapas, on la trouve dans les gisements de la municipalité tzotzile de Chalchihuitán ("Terre de Jade") à 50 km au nord-ouest de San Cristobal de Las Casas. Allez voir "La Maison du Jade" qui vous offre de très belles pièces spectaculaires.
A Zinacantán et à Tenejapa on tisse des chapeaux de palme décorés avec des rubans. Il faut environ 6 semaines pour leur élaboration car ils sont cousus à la main. Il y a aussi de très beaux huipils à plumes à Zinacantán.
Chaque communauté indienne porte son propre costume ce qui permet de es reconnaître facilement.L´abondance au Chiapas de fibres végétales comme la palme ou l´ixtle, a donné le jour à la vannerie, une des plus anciennes formes de production d´artisanat. A San Juan Chamula on utilise deux types de matériaux pour l´élaboration des paniers : le roseau pour le tissage et des baguettes que l´on obtient d´une plante épineuse appelée "mecate" sont utilisées pour l´armature. Les objets d´utilité sont divers comme, par exemple, les corbeilles, les paniers, les nattes, les tapis, etc.. qui, pour être portatifs, permettent de transporter une grande variété de produits comestibles et de tout genre.
Nous visitons ensuite l'église Santo Domingo, dont l'intérieur est magnifiquement orné de panneaux de bois sculptés recouverts de fines couches d'or.
En soirée, après avoir flâné dans la ville, nous avons regagné notre hôtel et nous sommes couchés de bonne heure. La nuit était glacée, nous sommes dans la montagne !. Les passants peu discrets et fêtards nous ont tenus longtemps en éveil..
A 5 heures du matin, le carillon de l’église dont la mélodie est particulièrement jolie nous a réveillés. Peu après toute la ville s’éveille à cause du camion de butane, qui annonce son passage par le tintement sur le pavé, de cercles d’aciers enfilés sur un câble fixé aux extrémités de la remorque du camion. Qui a besoin de butane ne peut pas le rater, même s’il est à 10 kilomètres !
A nuit agitée, réveil brutal : Nous sommes le dimanche. Nous empruntons une petite route dans la montagne jusqu’à San Juan de Chamula communauté Tzotzil. La place est quasi déserte, et pour cause, tous les habitants sont à l’église. Rites indiens dans une église catholique débarrassée de son mobilier d’origine, avec des épines de pins sur le sol; les saints voilés pour raison de semaine sainte ont été conservés, on a adjoint des statues de jaguars, de chiens et autres divinités au sein de l’église, on a de ce fait qualifié ce culte de syncrétisme.
Les habitants y vénèrent San Juan Bautista et fredonnent des incantations en jouant une mélodie monocorde à l’accordéon, à la guitare, avec une bonne dose de "poch" (sort d'eau de vie ) dans le gosier, ( pour réchauffer leurs âmes ) accompagnés par les vapeurs de l’encens fumant et à la lueur de centaines de cierges. Un coup de trompette sort ponctuellement l’assemblée de sa torpeur. C’est magique. Il est regrettable que certains touristes parfois indisciplinés ou trop bavards viennent déranger la cérémonie.
Nous reprenons la route la tête pleine de souvenirs. En passant sur un des nombreux topes ou" vibradores" situé en plein virage avant l'arrivée dans un village, un pneu crève et nous ramène à la réalité. ¡ Caramba ! Après moultes tergiversations et une réparation nous repartons .
Vous constaterez que souvent près des "topes " qui secouent durement les pots d'échappement se tiennent souvent des commerces vendant des « mofles ». Les « mofles » sont bien entendu des pots d’échappements. Un commerce rentable.....
Nous repartons et suivons un vieux camion dont le chauffeur à accroché un écriteau à l'arrière de celui-ci, et qui nous témoigne d'une formule empreinte d'humour et de jeux de mots " Las mujeres, mi delirio. Los peatones, mi martirio". " ( les femmes, mon délire, les piétons, mon martyr. ) ! Sur cette "sage" pensée nous rentrons à l'hôtel.
En y arrivant notre attention est attirée par la télévision omniprésente "televisa" et par ses romans "las telenovelas" qui entraînent maintes discussions sur les personnages excentriques de ces feuilletons mais qui, sont très regardés par la population et qui en quelque sorte lui servent d'exutoire !
Pensée Mexicaine
" Nous autres Mexicains transformons la science en magie, la technique en sorcellerie, l'art en érotisme, le christianisme en guadalupanisme, le marxisme en "ce qui est à toi est à moi; et ce qui est à moi... est à moi ", la liberté en libertinage et l'égalité en inégalité "
Raul Bejar Navarro