Le Zócalo ( Plaza de la Constitucíon )
Entre les vapeurs et les brumes, l'étendue mégapole est prise d'assaut chaque jour par ses 22 millions d'habitants. Vestiges Aztèques et architecture coloniale s'entrechoquent avec force et majesté tandis que la population revendique de plus en plus ses racines indiennes. Mais depuis quelques années le maire de Mexico Lopez Obrador ( qui à été candidat aux présidentielles de 2006 ) à mis en place un programme de rénovation urbaine qui vise à améliorer le Centro Histórico.
Tout a été mis en œuvre pour redorer l’image du quartier et améliorer la sécurité et petit à petit les vendeurs ambulants disparaissant pour laisser place aux grands immeubles commerciaux.
Chaque matin très tôt sur le Zócalo se répète la même cérémonie face au Palais National bâti par Hernan Cortès; un détachement de l'armée Mexicaine hisse les couleurs du drapeau national. Dés que la place est libre, vendeurs ambulants, et tous les corps de métiers sont représentés et tout un chacun peut y venir chercher un plombier, un serrurier, faire cirer ses chaussures... tous ces travailleurs s'agitant frénétiquement sont unis dans un élan commun : la chasse aux pesos !....
Le Palacio National :
Sur l'autre face de l'immense place le Palais National s'étire sur plus de 200 m sur tout un côté entier du Zócalo. Sa façade en tezontle est ornée de grilles en fer forgé et d’un porche central gardé.
L'édifice s'élève sur l'emplacement de l'ancien palais de Moctezuma Xocoyotzin. En 1523 il à été amplement remanie par Hernan Cortés auquel il a servira de demeure puis aux vices rois d'Espagne successifs.
Le Président Benito Juarez y mourut en 1872 celui ci fut le Père du Mexique moderne et lui redonna sa liberté et son indépendance; nous visiterons ses appartements chargés d'histoire. Le Palais renferment plusieurs cours, mais c'est bien sur les murs de la cage d'escalier et tout au long de la visite sous les arcades du premier étage que vous aurez les plus grandes émotions.
Vous avez laissé votre passeport à l’entrée, vous tournez dans la cour à gauche et vous avez devant les yeux une œuvre magistrale qui couvre pas moins de 450 m² regroupant plus de 200 personnages qui inspireront Diego Rivera.
Cette "Epopée du peuple mexicain " à été réalisée de 1929 à1935. Comme dans un triptyque il peint les trois fresques qui racontent de façon chronologique l'histoire de son pays.
Le mur Nord Le mexique préhispanique - Le Monde indien antique comme une période très ancienne et pleine de bonheur, puis sur le mur principal L'Histoire du mexique de la Conquête qui montre la cruauté des conquérants espagnols , et la christianisation du peuple et la révolution en marche.
Sur le mur du Sud il évoque le Mexique aujourd'hui et demain selon son propre idéal révolutionnaire. Toute cette épopée est bien sur pleine de symboles dans l'enceinte même du siége de la puissance de l'Etat.
Porteuse du message révolutionnaire et marxiste - léniniste; son côté utile peut vous faire sourire aujourd’hui.
Mais, la richesse de l’inspiration, la force du dessin, le foisonnement des personnages, les différentes interprétations possibles, les scènes que l’on découvre seulement dans une deuxième « lecture » cela vous prend aux tripes, à la gorge, au cœur et l’escalier n’en finit pas d’être monté.
Vous n’échapperez pas à la lutte des classes et au regard de Marx.
Amusez-vous à chercher le visage de Frida Kahlo son épouse elle est cachée au milieu de toutes ses fresques. Souvent, Frida en avant plan, présente un personnage révolutionnaire, allégorie des temps nouveaux.
Il se passera plusieurs années après la réalisation de cette "Epopée du peuple mexicain " pour que D. Riviera se remette à l'ouvrage de nouvelles fresques à l'étage supérieur dans la galerie à arcades .
Vous écouterez si vous voulez les explications d’un guide ( ce que nous vous conseillons fortement ) ou en volerez des parcelles en passant, et puis vous arriverez à l’étage et pour votre bonheur cela continue le long de la galerie et c’est peut-être encore plus beau, le message est plus apaisé.
Cette partie à été exécuté par Diego Rivera au cours des années 1942 à 1951 et explique de manière didactique ce que les civilisations préhispaniques ont apporté au monde.
Nous sommes en premier lieu avec le préhispanique "le peuple d’avant" tout respire la quiétude, les indiens sont chez eux et s’activent à leurs travaux (teinture de tissus, pilage du maïs, fabrication de tortillas), la vie est tranquille, les chiens boivent à la fontaine, les rituels sont accomplis, la grande ville de Tenochtitlan dans la vallée fertile de l'Anahuac est là devant nous.
Ensuite les espagnols arrivent, le marché de dupes se traite sous nos yeux (et sous ceux si bleus de cet enfant porté au dos de sa mère, et qui ressemble à Diego lui-même tel qu’il se peint parfois). Le vilain personnage qui a traité s’adonne ensuite à sa sale besogne : réduire les hommes à l’esclavage ou bien les fait pendre. …
Dans ce premier étage nous trouvons notamment une vue de l'artiste du grand marché de Tlatelolco d'avant les Espagnols, une autre du débarquement d’Hernan Cortés à Veracruz en ce 22 avril 1519 qui allait faire basculer le monde etc...
Il y a des bancs et de l’ombre dans le patio, en redescendant et c’est tant mieux, car il faut une pause avant d’aller reprendre son identité (et son passeport) et notre périple mexicain.
Les fresques de Diego Rivera peintes entre 1929 et 1935 résument très bien dans ces immenses tableaux l'histoire de la civilisation mexicaine, de l'arrivée de Quetzalcóatl le dieu serpent à plumes jusqu'à la révolution de 1910
Cette peinture, que nous venons d’admirer, appelée "mural" est née en 1922 de la volonté du ministre de l’Education José Vasconcelos suite à la révolution et a connu un fantastique essor dans les années 1950. Ses artistes sont réputés et ont fait des émules dans le monde entier. Elle a pour thème essentiel les réalités socios - politiques du Mexique contemporain et se réalise sur les murs intérieurs et extérieurs des édifices publics.
On y voit souvent des grandes fresques publicitaires peintes sur les murs, des scènes de la révolution ou la Vierge de la Guadalupe...
Comment ne pas résister au fait de consigner sur les murs les revendications actuelles du peuple.
" Penser nous condamne à être libre. C'est pourquoi le pouvoir fait toujours tout pour réduire la pensée et ce qui la nourrit. Pas seulement la connaissance ou l'information; mais d'autres champs qui ne relèvent pas exclusivement de ce qu'on appelle la culture, apanage de l'élite dominante et label pour une catégorie des loisirs de masse. Nous sommes obligés d'êtres libres . Nous le savons bien : la liberté est une nécessité qui découle de notre faculté de penser ".
Les principaux représentants du mouvement muralisme sont : Diego Rivera grand admirateur de Picasso et marié à la célèbre peintre Frida Kahlo, dont André Breton écrivit : "Son art est un ruban autour d'une bombe ", José Clemente Orozco, David Alfaro Siqueiros, José Guadalupe Posada, Rufino Tamayo. C'est par l'Indien que les muralistes sont identifiés au peuple, ils s'imposent de fait, comme le lien naturel actuel entre le passé et le futur.
Le Palais National abrite également la " Cloche de Dolores "qui fut offerte en 1896 à la capitale par la ville de Dolores Hidalgo symbolisant ainsi la lutte de tout un peuple contre l'opprimant. Cette cloche qui est situé dans une niche est surmonté du blason de la république du Mexique un aigle juché sur un nopal et dévorant un serpent entre un guerrier Aztèque armé dune épée à lame d'obsidienne et un conquistador en armure
C'est le 15 Septembre 1810 sous la bannière de la Vierge de la Guadalupe que le curé de Dolores, Miguel Hidalgo y Costilla la fit sonner pour exhorter et mobiliser les peones de tout le pays afin de réclamer et obtenir l'indépendance : et qui deviendra "El Grito" Fête de l'Indépendance.
Tous les ans à cette même date anniversaire à 23 h le Président de la République paraît au balcon, fait tinter la cloche que sonna le père Hidalgo et crie Independancia para México ¡ Viva México !. Ce cri d'amour est repris par la foule qui hurle son enthousiasme, sa passion du pays et ainsi ouvre les cérémonies de commémoration de l’Indépendance.