" LE MURALISME " ou l'élément emblématique de la modernité mexicaine.....
Comment donc évoquer la peinture mexicaine sans parler des muralistes ?
Cette forme d’art pourrait être la raison d’un voyage au Mexique, tant ce mode d’expression est lié à l’identité mexicaine et a atteint des sommets jamais égalés dans aucun autre pays.
Ce mouvement est l'incarnation au plan artistique de l'esprit révolutionnaire. La révolution éclate au Mexique en 1910 et se prolonge pendant 10 ans. Elle va constituer un tournant majeur dans l’attitude des artistes et dans leurs orientations artistiques.
En effet, certains s’engagent dans la lutte armée. Plus généralement, la révolution entraîne une prise de conscience de la richesse culturelle mexicaine et la (re)découverte de " l’associé ". Le premier but artistique du mouvement pictural est donc la propagande : sur les murs des bâtiments publics, les muralistes veulent avant tout célébrer la révolution. Au milieu du chaos, l'art a rempli une fonction sociale pour communiquer les idées de la révolution au peuple.
Si l’on distingue, généralement, deux périodes dans l’histoire de l’art mexicain, l’une coloniale et l’autre moderne débutant en 1810 avec l’insurrection lancée par Morelos, c’est dans les années 1920, après la chute de Porfirio Diaz et la révolution de 1910, que l’on assiste à une véritable renaissance de cet art typiquement mexicain et que l’on va parler du mouvement muraliste bien au-delà des frontières du pays.
Il faut savoir que ce mode d’expression était une tradition chère aux Mexicains. Les peuples préhispaniques, en effet, peignaient, déjà, sur les murs de leurs temples et de leurs tombes, des fresques dont on trouve des vestiges dans les musées ou sur certains sites ( Bonampak, Teotihuacan, etc...). Ces fresques devaient informer sur les activités économiques, les rituels religieux, les généalogies…
" LES MURALISTES "
L'Academia San Carlos de Mexico
Diego Rivera, José Clemente Orozco, David Alfaro Siqueiros , Rufino Tamayo passeront tous les quatre dans cette célèbre Academia San Carlos de Mexico. A cette époque ce qui a fait la différence entre cette école d'art et les autres académies, c'est le sentiment de fierté nationale du corps enseignant. Au lieu de faire travailler les élèves en atelier, devant des modèles de plâtre, ou de les faire copier des œuvres venant d'Europe, les professeurs les envoient dans la rue et à la campagne, pour qu'ils puisent leur inspiration directement dans la réalité mexicaine.
Dans les années 1920, sous le gouvernement d’Alvaro Obregon, le ministre de l’Education José Vasconcelos lance un programme culturel gouvernemental auquel il associe le peintre Diego Rivera qui rentre d’un long séjour en Europe.
Ce programme est destiné à décorer les édifices publics (hôpitaux, écoles, lycées, ministères), en présentant sur leurs murs l’histoire de la culture du Mexique et Vasconcelos veut que soient reprises les traditions de la couleur, des formes et de la narration des muralistes indigènes; un nouveau mode d’expression artistique est recherché.
Vasconcelos invite donc plusieurs peintres à un voyage qu’il organise dans le Yucatán; il leur fait visiter les sites archéologiques afin qu’ils se familiarisent avec le patrimoine artistique mexicain. Diego Rivera est du voyage. Le ministre est décidé à soutenir, après tant d’années d’oppression hispanique et chrétienne, les aspirations de la population indienne à l’égalité sociale et raciale et à aider son pays à retrouver son identité culturelle.
Rivera conçoit, ainsi, l’idée d’un art au service du peuple qui lui racontera son histoire.
Autour de ces préoccupations, un mouvement se crée à l’Ecole Préparatoire de Mexico. Cette ancienne école de jésuites, le collège San Ildefonso, est l’antichambre obligée de toute étude universitaire artistique sérieuse.
Soumis à l’influence européenne, sous le règne de Porfirio Diaz, ce collège avait depuis adopté toutes les vagues de nationalisme entraînées par la révolution et était devenu un foyer de la renaissance du patriotisme mexicain.
Sous la houlette du syndicat des peintres, sculpteurs et graveurs révolutionnaires, le mouvement muraliste naît.
Diego Rivera, David Alfaro Siqueiros et, bientôt, José Clemente Orozco en font parti et en sont les principaux acteurs.
L’art qu’ils veulent développer est fortement conçu comme un mouvement politique révolutionnaire et fait l’objet d’un manifeste: l’art se met au service du peuple et de ses revendications sociales.
Cet art populaire doit permettre d’éduquer les masses en leur délivrant un message facilement compréhensible: " les murs doivent être comme des livres ". L’art doit être un retour aux sources, mettant en valeur le peuple et ses traditions, mais, en même temps, une dynamique de progrès.
En 1922 Rivera commence sa première peinture murale, «la création», à l’École Préparatoire. Il est déjà un peintre célèbre dans son pays et mondialement connu. Il s’attaque à l’amphithéâtre Bolivar, tandis qu’Orozco peint les murs mais, aussi, Siqueiros les fresques du petit patio. Citons, également, Jean Charlot qui, sur le mur du grand escalier, relate la chute de Tenochtitlan. C’est le coup d’envoi d’une longue série d’œuvres qu’il faut absolument découvrir en même temps que l’on visite le pays.
Mais, d’abord, qui sont-ils ces trois grands ?
Le plus connu, le plus prolixe, le plus légendaire, aussi, est sans conteste Diego Rivera. Son nom est autant associé à sa femme, Frida Kahlo, qu’au muralisme.
Diego Rivera
Aimait rappeler ses origines : "espagnole, allemande, portugaise, italienne et juive". Il était, surtout, fier d’avoir une grand-mère d’origine indienne. Il fera un long séjour en Europe, en France notamment, où il est surnommé le cow-boy, et en Italie où il passe plus d’un an et demi à étudier la peinture et les fresques, de Pompéi à Venise, de Rome à Vérone. Il ne rentrera au Mexique qu’en 1921. Son «bras» se met alors au service de son pays et, avec une inspiration à la fois marxiste et indienne, il va, sur les murs, en écrire l’histoire. Qui mieux que lui sait mêler l’horreur de la conquête espagnole, l’aliénation des indiens, l’omniprésence du clergé, à la quiétude de ce peuple pacifique et plein de ses traditions ? Il le peint, le plus souvent, paisible, coloré, plein de rondeurs, tandis que les conquérants espagnols sont aigus comme leurs lances. Qui, mieux que lui, sait décrire au vitriol l’empire de l’argent et son pouvoir, celui de l’exploitation des hommes, en même temps que l’aspiration de ces mêmes hommes à un monde plus juste et plus humain?
Il est né le 8 décembre 1886 à Guanajuato.
Tôt dans son enfance, il est confronté à la mort, notamment à celle de son frère jumeau. Cela le marquera à un point tel que la mort et son antithèse, la vie, seront des thèmes récurrents dans ses peintures car depuis son plus jeune âge, le petit Diego montre des qualités artistiques. Un talent qu’il va développer à l’Académie des Beaux-Arts de San Carlos contre la volonté de son père, qui voulait le voir entrer à l’école militaire. En 1906, une bourse du gouverneur de l’État de Veracruz et la vente de plusieurs toiles lui permettent de partir pour l’Europe Peintre muraliste, dessinateur, graphiste, illustrateur, architecte et sculpteur c'est certainement l'artiste latino-américain le plus connu mais non le moins controversé.
Après une formation classique, à vingt ans, il part pour l'Europe, s'établit à Paris, plus précisément à Montparnasse, où il rencontre Mondrian, Breton, mais aussi Ehrenbourg et Trotski.. Il se lie aussi d’amitié avec plusieurs peintres, dont Amedeo Modigliani. Avec Pablo Picasso, il fréquente les quartiers de Pigalle mais leur amitié tournera au vinaigre. Leur rivalité, autant dans la peinture que sur le plan donjuanesque, sera la cause de leur conflit.
Mais c'est grâce à Angelina Beloff, sa première compagne, puis Marevna Vorobiev, qu'il pénètre le cercle de la colonie russe. La découverte des oeuvres de Goya et du Greco lors d'un passage en Espagne le marque profondément.
En 1913, à Paris toujours, il s'exerce au cubisme analytique dont il donne une version si personnelle qu'elle lui vaut critique et polémique, jusqu'à opérer une scission avec ses amis. Il se remet alors sur la voie de la peinture figurative et découvre l'œuvre de Cézanne, tandis qu'Ingres et Renoir viennent également influencer sa vision du portrait.
Pour réaliser son premier mural à l'école préparatoire nationale "la création," le nouveau Ministre de l'éducation José Vasconcelos voulait une composition qui symboliserait la fusion potentielle de la tradition indigène avec les impératifs moraux de la religion de judéo-chrétienne et les normes intellectuelles de la civilisation hellénique . Pour accomplir cette idée, Diego a essayé de combiner les figures indigènes avec ses études italiennes .
"Mon style naquit comme un enfant, avec cette différence que la gestation, douloureuse , a duré trente-cinq ans."
Diego Rivera
"La Calavera Catrina" qui représente la bourgeoise citadine de fin de siècle, est ici une allusion à la déesse-mère aztèque Coatlicue, souvent représentée par une tête de mort. Elle porte le serpent à plumes, symbole représentant son fil Quetzalcóatl , comme un boa autour du cou et le fermoir de sa ceinture est le signe de "Ollin", le mouvement perpétuel. Accompagnant la déesse, qui est également mère ou tutrice de Rivera, la source de la vie et du génie mexicain et le principe duel de la mythologie préhispanique; l'équivalant du Yin et du Yang chinois que Frida tient à la main. L'autre main de F. Kahlo est posée maternellement sur l'épaule du jeune Diego qui, sous sa protection, s'apprête à découvrir le monde de la vie….
-----------------------------------
Il faut admirer sous ses fresques colorées les grisailles que Diego Rivera peint comme un complément à son récit principal, comme s’il écrivait au bas de ses fresques pour souligner son propos. Cette technique qui utilise les seuls tons de blanc noir et gris, permet d’intégrer, par les lumières et les ombres, le rythme de ces sobres panneaux aux traits colorés que l’on trouve dans les parties supérieures. -
Il meurt en 1957, déjà devenu de son vivant un mythe et le symbole de la mexicanité.
José Clemente Orozco
Il est né, en 1883 à Ciudad Guzman ( Zapotlán )
Peintre de l'avant-garde mexicaine. Il a étudié de 1906 à 1910 à la célèbre Académie de San Carlos. Il est décrit par José Juan Tablada comme le "Goya mexicain".
Son admiration pour les œuvres du célèbre illustrateur José Guadalupe Posada le font s’intéresser à l’art; il travaillera, lui-même, comme dessinateur - caricaturiste dans un magazine et fera, alors, partie d’un groupe d’artistes politiquement engagés.
Il dépasse même ce stade. Inspiré par le génie de Michel-Ange et la statuaire grecque et romaine, il sait jouer admirablement de la force et de l’émotion dans la représentation des corps.
En 1917 il part pour San Francisco et New York; mais à son passage à la frontière, la douane américaine de Laredo, Texas, lui confisque et détruit quelque soixante peintures qu'elle juge immorales... et en Europe (il exposera à Paris en 1925). En 1922 il commence à peindre des murales dans l'École Normale Préparatoire, de Mexico ( qui sera le berceau du muralisme ). Il souscrit le manifeste du muralismo rédigé par Siqueiros.
Il écrit: «les artistes étaient parfaitement conscients du moment historique dans lequel ils étaient portés à agir, des relations entre leur art et le monde et la société environnante. Par une heureuse coïncidence se trouvaient réunis dans le même champ d’action, un groupe d’artistes expérimentés et des gouvernants révolutionnaires qui comprenaient quelle était la part qui leur revenait».
Il partagera beaucoup de sites avec Diego Rivera comme s’ils écrivaient une partition à deux. Il a un style d’une force peut-être plus expressive, ne respectant aucune convention; ses œuvres sont un peu comme un coup de poing à l’âme; belles, originales, souvent morbides, elles sont particulièrement spectaculaires.
Il réalise deux grandes fresques : dans la Casa de los Azulejos à México, sa fresque "Omnisciencia" (1925) et l'année suivante son mural de la "Revolución social" (1926) dans l' École industrielle de Orizaba.
Il vivra et exposera de nouveau aux Etats-Unis de 1927 à 1934.
En 1932 il visite : Londres, Paris, Milan, Venise, Florence, Rome, Naples, Pompéi, Madrid, Tolède et d'autres villes européennes.
A Mexico, il effectue un grand panneau pour le Palais de Beaux Arts que Justino Fernández a appelé "la Catharsis" (1934). Puis d'autres oeuvres dans le château de Chapultepec et à la Cour Suprême de Justice (1941).
Travailleur infatigable il retournera à New York au Musée d'Art Moderne et reviendra pour quelques années à Guadalajara ( État de Jalisco ) où il peindra abondamment les parois du Palais du Gouverneur, forum de l'Université et de l'Institut Culturel Cabañas.
"on peut dire, évidemment, qu'Orozco manifeste beaucoup de contradictions dans ses idées sur l' histoire socio - politque mais elles ne sont que le reflet de l'évolution de la pensée d'un homme qui vit dans un monde dont la problématique, particulièrement au Mexique, se révélait très complexe".
En fait ces oeuvres ne sont pas simplement réalistes mais traduisent les rêves d'un esprit en constante effervescence . En 1946 on lui a accordé le Prix National des Arts du Mexique
Il décède à Mexico le 7 Septembre 1949.
David Alfaro Siqueiros
Il est né en 1896 à Chihuahua.
Il est peut-être le plus idéaliste des trois, Comme José Clemente Orzoco, il sera lui aussi étudiant à l'École des Beaux-arts de Mexico, anciennement Académie "San Carlos".
Il s’engage en 1914 aux côtés des troupes révolutionnaires avec lesquelles il combattra pendant 4 ans.
Il dira lui-même: «sans cette participation à la révolution il ne m’aurait pas été possible plus tard de concevoir et de réaliser le mouvement pictural moderne mexicain». Mais il n'abandonnera jamais les autres formes de peintures comme l'aquarelle, la lithographie, et le chevalet...
Il rencontre Diego Rivera à Paris en 1919 et ne revient au Mexique que fin 1922 pour créer avec Rivera le mouvement muraliste. Auparavant il avait publié à Barcelone un «manifeste pour un Art Révolutionnaire Mexicain».
Avec D. Rivera ils peindront tous les deux les ministères : Santé, Éducation et finalement le Palais National de Mexico ("Histoire du Mexique : de la Conquête à 1930", 1929-35 et jusqu'en 1945).
Il quitte le Mexique pour Moscou en 1927 et finira par s’exiler aux Etats-Unis en 1932. En 1936, il épouse la cause des républicains espagnols contre le franquisme et rentre au Mexique en 1939. En 1962, après un procès retentissant, il est condamné à 8 ans de prison.
Il n’en fera que 2 mais restera profondément marqué par cet enfermement. Il meurt en 1974. Sa peinture murale, qui reprend la technique des artistes précolombiens à la détrempe et à la cire, est très violente, tourmentée, montrant bien la souffrance et la mort.
Tous les trois, Rivera, Orozco et Siqueiros, comme point d’orgue à leur engagement, participeront en juin 1948 au «raid» de l’hôtel del Prado pour restaurer les mots «n’existe pas» au bas du mural "Dieu n’existe pas " de Rivera que des étudiants catholiques avaient endommagé.
D'autre vont aussi s'illustrer notamment Rufino Tamayo qui commencera par le muralisme et finira dans la mouvance du surréalisme. Un jeune peintre français Jean Charlot (1898-1979) qui, émigra avec sa mère au Mexique en 1921. Il participe activement au mouvement muraliste.
La participation de Charlot à la première étape du mouvement muraliste fut très importante. Siqueiros a pu écrire qu'il "fut l'un des fondateurs du muralisme mexicain. Charlot, avec Xavier Guerrero et les peintres ouvriers de la région de Cholula, nous a amené à découvrir la technique de la fresque au tout début de notre mouvement". Au début des années trente Charlot est parti aux Etats-Unis; puis, en 1949, il est allé vivre à Hawai. Il est mort à Honolulu en 1979.
Jean Charlot et Alva de Canal étaient les seuls à peindre réellement « à fresque » ; comme Orozco il était un fervent admirateur de Guadalupe Posada dont il contribua à faire la renommée.
A Mexico Jean Charlot fut accueilli par Alfredo Ramos Martínez, directeur de l'académie de San Carlos, qui lui permit de travailler à la Escuela de Coyoacán, où il partagea l'atelier de Fernando Leal. C'est ainsi qu'il est entré en contact avec les artistes mexicains de l'époque et qu'il a commencé à travailler avec Diego Rivera.
Rufino Tamayo
Il est né 1899 à Oaxaca
Comme il aimait à le souligner il était fier d'être d'origine Zapotèque .
Il s'est installé à Mexico en 1921. Il a fait ses études de peinture comme les autres à l'Académie San Carlos ou il rencontrera Frida Khalo. Il a été professeur de peinture à l'École Nationale des Arts Plastique de Mexico.
Très vite, sa sensibilité et son esprit méditatif l'ont conduit à créer des formes qui lui sont propres.
Il a à son actif quelques grandes oeuvres murales : "la révolution" 1938 Musée National d'Anthropologie"; La nature et l'artiste - 1943 "; " l'Homme - 1953; "Le jour et la nuit" 1954; et "nature morte 1955 " . Il réalisa au Palacio de Bellas Artes, à coté de celles de Diego Rivera et d’Orozco, une superbe fresque, empreinte de poésie spatiale, puis, en 1933, la fresque de l’Ecole Nationale de Musique. Il viendra à Paris en 1958 pour réaliser la fresque du Palais de UNESCO. Il sera précurseur et participera au développement d'un nouvelle invention "Mixografia®," une technique graphique pour obtenir des couleurs tridimensionnelle.
Mais il retourna vite à ses préoccupations oniriques et fantastiques et s’éloigna de la peinture politique et sociale. Ayant une aversion pour la politique il critique alors le mouvement muraliste et s'en éloigne "des trois grands" pour aborder le cubisme puis se rapproche alors du mouvement surréaliste.
Il vivra aussi longtemps a Paris et à New York. Mais il reste l'un des artistes latino-américains les mieux connus. Ses expositions sont admirées dans les musées réputé tels que le The Philips Collection à Washington celui des Guggenheim à New York. Il réalise beaucoup de ses oeuvres aussi sur commande notamment celle de à la Bibliothèque de Porto Rico (1957), Houston (Bank of the South West, 1955), expose aussi à Tokyo, Buenos Aires, etc.... Il travaillera aussi au Musé Anthropologique de Mexico comme chef du département de dessin ethnographique. On, soulignera, la permanence avec laquelle Tamayo a peint sa conjointe Olga et on a fait ressortir la sensualité. En disparaissant en Juin 1991, Il laisse une empreinte d'un grand modernisme. En 1974 on a inauguré dans la ville d'Oaxaca le Musée d'Art Prehispanico Rufino Tamayo, avec 1300 pièces collectionnées et données par l'artiste et où l'on expose aussi des oeuvres de plus de 150 artistes internationaux. Le 29 mai 1981 à été ouvert au public le Musée Rufino Tamayo dans le Parc de Chapultepec à Mexico.
Pour bien prendre conscience que le mouvement a continué il faudrait encore parler, de Noberto Martinez Moreno qui, dans un flamboiement de couleurs, a décoré les murs de la Bibliothèque Municipale de Cuernavaca en 1954, d' Alfredo Zalce qui a décoré l’intérieur du Palais du Gouverneur à Morelia, et de l'extraordinaire José Chavez Morado et ses peintures à l'Alhóndiga de Granaditas de Guanajuato (voir notre page spéciale sur l'histoire de cette ville ). De formation autodidacte il est l'auteur d'une oeuvre abondante effectuée dans plusieurs techniques. Cette oeuvre est caractéristique de l'art figuratif de l'École mexicaine de Peinture.
Il faudrait sans doute parler de bien d’autres : Roberto Montenegro, Fernando Leal, Fermín Revueltas etc....
Cette grande aventure muraliste a prospéré aux Etats-Unis où les trois grands sont allés, répondant à des commandes, orner de leur talent bien des murs américains.
L'impact de la révolution mexicaine a été immense, et les activités des peintres muralistes mexicains qui en interprétant et en disséminant les idéaux de la révolution, en promouvant l'idée d'un art pour le peuple, et en aidant à réaliser un nationalisme culturel dans des conditions révolutionnaires ont été ressenties bien au delà du Mexique lui-même.
Il faut enfin dire que ce mode d’expression, si cher aux mexicains, et qui met les musées dans la rue, est utilisé par des anonymes et permet au passant de saisir, parfois, une très jolie scène ou un message délivré à qui saura le lire.
Regardez donc, au Mexique les murs vous parlent, ils racontent, ils interrogent.
Pour compléter votre information voici, quelques adresses pour voir leurs œuvres ( liste non exhaustive !).
MEXICO
Ecole Nationale Préparatoire ( Antiguo Colégio San Ildefonso):
- Fresques de Diego Rivera (amphithéâtre Bolivar)
- Fresques de Siqueiros, Orozco et Jean Charlot
Secrétariat d’Education Publique:
- 235 panneaux, plus de 1585m2, de fresques de Rivera «vision politique du peuple mexicain» peintes sous les arcades des cours intérieures et sur trois étages. Peut-être ce qu’il y a de plus émouvant. A voir absolument.
- Les Lavandières de Jean Charlot.
Palais National des Beaux-Arts (au 2ème étage):
- Rivera: «L’homme maître de l’univers» 1934.
- Siqueiros: «La nouvelle démocratie» et autres fresques.
- Orozco: «Catharsis».
Palacio Nacional:
- Fresques de Diego Rivera, commencées en 1929, terminées en 1945.
L’histoire du Mexique (dans l’escalier monumental).
Le Mexique précolombien (dans les galeries du premier étage).
Ces œuvres sont, sans doute, les plus connues et les plus politiques de l’auteur.
Musée Mural Diego Rivera:
- «Rêve d’un dimanche après midi dans le parc d’Alameda». Fresque réalisée en 1947 dans l’hôtel del Prado.
L’Hôpital de Jésus:
- Voûtes de la chapelle: fresques d’Orozco représentant des scènes de l’apocalypse.
Parc de Chapultepec:
- Musée National d’Histoire: fresques de Siqueiros et de Juan O’Gorman.
Téatro de los Insurgentes:
- Immense mosaïque de Rivera, représentant l’histoire du théâtre au Mexique (1953).
Poliforum Cultural:
- Fresques de Siqueiros.
CHAPINGO
Universidad Autonoma de Chapingo (à 38 km de Mexico sur la route de Texcoco):
- Dans la chapelle: «La terre libérée et les forces naturelles contrôlées par l’homme». Diego Rivera (1924-1927). Se renseigner sur les heures d’ouverture avant d’y aller !
CUERNAVACA
Palacio Cortes (sur la loggia):
- «Histoire de Cuernavaca et de l’état de Morelos». Diego Rivera.
Bibliothèque Municipale:
- Fresques de Norberto Martinez Moreno.
GUANAJUATO
Musée Alhondiga de Granaditas:
- Fresques de José Chavez Morado.
JALAPA
Palacio de Gobierno:
- intérieur: «Liberacion» fresques de Jose Chavez Morado.
- extérieur: «Résistance Héroïque»fresques de Melchior Peredo.
MORELIA
Palacio de Gobierno:
- Fresques d’Alfredo Zalce.
ORIZABA
Palacio Municipal:
- Fresques d’Orozco.
GUADALAJARA
Hospicio Cabanas:
- Chapelle: fresques d’Orozco(1939).
Palacio de Gobierno:
- Fresques d’Orozco dont «Hidalgo» et «Le Peuple et ses Leaders» ( escalier principal et salle de délibération ).
----------------------------------
Merci de leur contribution à Sylvie et Jean Marie