Le Jeu de balle "juego de pelota" que l'on trouve sur les différents sites archéologiques de El Tajin, Monte Alban, Chichén-Itzá etc... s'appelait chez les Mayas Toltèques d'un une merveilleuse onomatopée : Pok-ta-Pok qui a donné son nom à un célèbre parcours de Golf à Cancun dans lequel on a retrouvé des ruines Mayas.
Le "Pok ta pok" est étroitement lié aux mythes de création, de la course du monde, et les contradictions entre naissance - décès, le soleil - lune.
Le jeu avait donc une signification aussi bien cosmique que rituelle et sacrificielle
Celui ci est délimité par deux terrasses sauf aux extrémités, qui sont en forme de la lettre T majuscule.
On y observe tout le long des bas-reliefs qui représentent des joueurs de balle. Le terrain en lui même était dénommé " Tachtli " Il est doté d'une excellente acoustique et est en très bon état :146 m de long sur 37m de large, il représente, l'Univers, et la balle le Soleil. Les parties de jeux se déroulaient en fonction du calendrier astronomique afin d'y implorer et de satisfaire les dieux par des sacrifices humains.
La sculpture est aussi importante que l'architecture. On trouve des pierres sculptées ou des statues en place sur le sol ou bien tombées du haut des murs où elles étaient fixées par un tenon. Ces pierres avaient souvent le rôle de marqueur ou bien délimitaient le terrain. Elles peuvent être carrées, circulaires représentant souvent un joueur en action.
Le jeu avait donc une signification aussi bien cosmique que rituelle et sacrificielle. En son centre, sur chacun des deux côtés trônent deux immenses anneaux de pierre à 5 m de hauteur dans lesquels la balle de caoutchouc nommée " Kik " devait passer. Il n'en constituait pas moins un sport de l'élite, et aussi le prétexte sur des paris portant sur d'énormes enjeux : la vie ! décrivant la dualité entre les forces de la lumière et celles des ténèbres ( inframonde ) que représente le sous sol du jeu.
Pour illustrer et expliquer le jeu de balle on site souvent un épisode du fameux récit épique du Popul Vuh (en illustration ci dessous) dans lequel on raconte l'histoire de la création et de la résurrection des plus célèbres personnages de la mythologie Maya .
Dans le Popol Vuh est décrit le Couple Créateur :
La Première Mère et le Premier Père sont le Couple Créateur. Tous les autres dieux qui sont apparus ensuite sont les rejetons de ce couple. La Première Mère, la déesse de la Lune, est née six ans avant le Premier Père, Hun Nal Ye. Également connu sous les noms de dieu du Maïs et de Serpent à plumes, le Premier Père est celui qui a présidé à la nouvelle création du cosmos. Parmi les Dieux les plus connus du panthéon Maya on peut citer Itzamná reconnu comme l'inventeur de l'écriture et le patron du savoir et des sciences.
Cette légende qui nous vient du Popol Vuh :
C'est en fait le Livre sacré des Mayas qui est un récit épique sur l'origine du peuple Maya Quiché, au caractère profondément mythique et surnaturel.
Il va tenir un rôle important dans le mythe de la Création ainsi que dans la cosmogonie.
Les Jumeaux Héroïques Hun Hunahpu et Xbalanque ont été conçus de façon miraculeuse à Xibalbá où ils furent contraints par les dieux des enfers à jouer l'un contre l'autre dans un tournoi de balle.
Voici l'une des légendes des Jumeaux Héroïques qui raconte le destin des deux frères jumeaux qui excellaient à un jeu traditionnel de balle.
Le monde inférieur maya (inframonde ) était un lieu terrifiant, demeure des démons et des dieux de la mort. Les principaux seigneurs Hun Came et Vucub Came dominaient Xibalbá. Les Héros jumeaux, Hun Hunahpu et Xbalanque, avaient pour destin de combattre et de vaincre Hun Came et Vucub Came.
Un jour qu'ils jouaient, il firent tant de bruit qu'ils dérangèrent les Dieux de Xibalbá : Lieu qui représentait l'enfer et qui était la résidence des divinités du mal c'est là que les esprits des défunts étaient mis à l'épreuve avant de pouvoir renaître. Les dieux les défièrent à un concours et battirent les jumeaux, les sacrifièrent et enterrèrent leurs corps sous le terrain de jeu. La tête de l'un des frères, Hun Hunahpu, fut pendue à un arbre dont les fruits, des calebasses, arboraient des formes humaines. Entendant parler de cet arbre très étrange, une déesse du nom de Xquic décida de le voir par elle même.
A son approche, la tête de Hun Hunahpu lui cracha dans la main, ce qui eut pour résultat de la féconder et lui fit mettre au monde deux enfants; Hunahpu et Xbalanque, connus à nouveau sous le noms de Héros jumeaux.
Plus tard en grandissant les jumeaux devinrent comme leur père et leurs ancêtres des joueurs de balle. Les ayant convoqués à un concours à Xibalbá , les dieux en sortirent vainqueurs, broyèrent les os et les jetèrent dans la rivière. Les Héros jumeaux y renaîtront sous diverses formes.
Les ruses de la résurrection :
De retour à Xibalbá dans un but de vengeance, les deux jumeaux mirent au point un ingénieux stratagème . Après avoir exécuté plusieurs numéros étonnants, Xbalanque décapita son frère Hunaphu; puis lui redonna sa première forme.
Enthousiasmés par ce tour, les dieux supplièrent les frères de les sacrifier et de les ressusciter à leur tour. Heureux d'accéder à ce désir, les héros jumeaux commencèrent à démembrer les dieux. A la fin, ils leur portèrent le coup de grâce : refusant de les ramener à leur état originel, c'est comme ceci qu'ils en vinrent à bout définitivement. Après ce triomphe du bien sur le mal, la Terre fut enfin prête pour le création des êtres humains. Xbalanque et Hunaphu émergèrent de Xibalbá sous la forme du Soleil et de la Lune et s'élevèrent dans le ciel Maya.
D'après ce que nous ont laissé les codex de la mythologie Maya, les jumeaux héroïques ont semblé avoir rempli beaucoup de fonctions. Avec le temps, ils ont évolué sous divers aspects. Ils semblent avoir accumulé beaucoup de rôles pendant que la civilisation des Maya devenait plus complexe.
Photos ci - jointes représentant une reconstitution du jeux de balle à Xcaret
Chaque équipe de 2 à 12 joueurs devait se renvoyer la balle par l'anneau de pierre placée à 5 m ou 7 m de haut en employant selon les régions : les hanches, coudes, genoux où parfois les parties extérieures de la main et sans laisser tomber la balle par terre; ce qui mimait la course du Soleil.... Alternance des contraires qui rythme l'univers, passage de la mort à la vie, de l'obscurité à la lumière ..
Le poids et la dureté de la balle " Kik " faite d'un latex récolté par saignée de l'arbre du ( chicle) avait une grosseur d'environ 15 cm à 20 cm de diamètre et pouvait donc faire très mal lors des chocs avec les différentes partie du corps des joueurs.
Sur un des bas reliefs ( photo ci contre) du site du jeux de balle de Chichén-Itzá
on peut voir un personnage brandir dans sa main une tête décapitée, du cou duquel jaillissent six serpents et un rameau fleuri accompagné du sang : nourriture du Dieu Quetzalcóatl - Kukulcán.
La fertilité passait désormais par les sacrifices humains !...