Antécédents historiques :
Les Indiens Lacandons : Les Hach Vinik "les Vrais Hommes" tels qu'ils se nomment en Maya. Toujours vêtus d'une tunique blanche, souvent imberbes, avec de longs cheveux auxquels ils accordent des pouvoirs magiques ils vivent en communauté très réduite ( d'où de nombreux problèmes de consanguinité ). Les Lacandons sont originaires de la péninsule du Yucatán et du Petén Guatémaltèque; ils ont émigré pendant diverses périodes vers la forêt chiapaneca en s'enfuyant devant les tentatives de conversion des conquistadors.
On pense qu'à l'origine le mot lacandón se référait à un groupe parlant le "chortí ", qui vivait en ce temps de la conquête et habitait dans une petite île dans la rivière Lacantún "Grand Rocher", à l'extrémité sud de la Selva Lacandona près du lac Miramar et que ce sont "ceux du Lacantún", qui au fils du temps donneront définitivement le nom actuel.. Dès lors qu'on étudie les Mayas et les Aztèques d'aujourd'hui, comment ne pas se tourner vers ceux d'hier ?
De l'ethnographie à l'archéologie, la transition est à la fois insensible et nécessaire. Il y à deux cents ans ils vivaient dans une foret de 2 millions d'hectares mais au fils du temps leur territoire s'appauvrit.
En 1972 le gouvernement mexicain décide leur octroyer un territoire de d'environ 662 000 hectares, au delà des sites de Tonina, Bonampak et Yaxchilán entre le Rio Jataté et Usumacinta et continue au Guatemala. Les lacandons se divisent en deux groupes appelés : " ceux du nord ", qui habitent principalement dans les localités de Nahá et de Metzaboc, et "ceux du sud", résidant dans la localité de Lacanja Chan Sayab
Conditions de vie :
Ils sont les descendants directs des Mayas de l'an 500, mais que leur reste- t-il de ce fabuleux passé ? Leur habitat ( le caribal ) fait de palmiers et de bois est toujours très proche de la rivière; ils chassent encore le gibier dans la forêt : les oiseaux, le singe, le tapir, le porc sauvage et pratiquent la pêche et l'agriculture (maïs, haricot, manioc, canne à sucre, miel, patate douce).
Leur consommation de tabac est très importante et commence dès le plus jeune âge.
Chan K'in Viejo :
Etait un de leur grand guide spirituel et a disparu il y a quelques années. Parmi ces nombreux descendants un de ses fils : Chan K'in IV, Antonio, Zarko, Chan Bor va reprendre sa succession à la tête de la communauté pour y perpétuer les rituels et traditions.
Leurs villages près du site de Palenque sont Nahá, Metzaboc, et Lacanja Chan Sayab sont situés près d'un de leur sanctuaire oublié. Pour se protéger de l'alcool ( le baltché ) certains adoptent la religion protestante; et d'autres ouvrent des boutiques de souvenirs près des sites archéologiques.
" Hommes légendaires et longtemps redoutés de la forêt tropicale, les Lacandons, au cheveux longs et aux longues tuniques blanches, ont été rattrapés par les tronçonneuses, les bulldozers, les sectes et la télévision. La forêt, havre millénaire, n'est plus ce qu'elle était..."
Jan de Vos
Une nuit chez les Lacandons :
Alors les Lacandons, un mystère ? Pour mieux les comprendre et les connaître nous avons été à leur rencontre .
Pour cette visite dans le territoire des Lacandons, derniers descendants des mayas, ce sont eux qui interviennent et donc prennent en charge les visiteurs.
Après un long trajet, encore éblouis par les sites que nous venions de visiter,la tête pleine du chant des oiseaux, les yeux de temps de beauté admirée, nous arrivons à notre campement, en lisière de la forêt vierge, constituée en réserve naturelle et administrée par les Lacandons. La fin d’après-midi est douce, le soleil pose une lumière dorée sur la nature, la sérénité est installée dans ce bout du monde. Le chef du « campamento » vient nous accueillir, tout de blanc vêtu selon leur coutume, et nous attribue notre « cabane », case traditionnelle mais avec le confort nécessaire à nos habitudes de citadins; bien sur d’autres visiteurs ont eu la même bonne idée que nous et nous retrouvons des touristes venus du monde entier.
Dîner à 19h, nous avons donc le temps de profiter de la soirée, du calme, du spectacle de jeunes enfants, vêtus de blanc eux aussi, cheveux longs, noirs, superbes, yeux magnifiques qui jouent comme jouent tous les enfants du monde même si leurs jouets ne sont pas du dernier modernisme.
La nuit, nous entendons une forte pluie sur la toiture de notre case qui, pour un moment couvre le bruit du ruisseau qui traverse le campement. A 7h réveil pour aller au petit déjeuner puis faire une longue marche dans la forêt avec un guide Lacandon du village.
Expérience inoubliable que cette découverte d’une nature exubérante qui crée un fouillis gigantesques fait de lianes montant à l’assaut d’arbres majestueux, certains absolument énormes, chacun s’essayant à être le plus haut. Le guide nous en nomme quelques uns :
« Les Ceiba » que nous appelons fromagers aux Antilles; arbres sacrés chez les mayas, ils étaient plantés par quatre au bord des cités, leurs immenses racines plongeant dans l’inframonde, le « matapalo » arbre parasite qui s’installe chez les autres et finit par les tuer, le « chicabuto » l’arbre qui saigne; c’est lui qui fournissait le pigment rouge des fresques, et le « bejuco » la liane à tresser qui se travaille humide et permet la vannerie. C’est bien peu de nommé pour l’énorme diversité de la nature qui nous entoure.
Nous arrivons bientôt aux ruines d’une ancienne cité maya nommée « lacanja » par les archéologues qui l’ont repérée mais qui n’a jamais été fouillée. Les ruines sont envahies par la végétation qui semble en même temps les protéger, une stèle repose au pied d’un ceiba; un moment d’émotion et une pensée pour ce peuple disparu.
Sur le chemin du retour, nous ne résisterons pas à ces superbes baignoires que forme la rivière qui se promène avec nous, seuls l’arrivée des moustiques nous forcera à repartir. Retour au campement, il fait chaud, l’ombre est bienfaisante, l’herbe fraîche, la boutique artisanale propose de très beaux objets, des statues notamment.
Voilà, le temps a passé, il faut repartir et « fermer la porte derrière nous » pour qu’un tel paradis continue à exister et que vive le peuple lacandon dans le respect de ses coutumes.
Malheureusement ces gardiens de la forêt sont victimes petit à petit des grands éleveurs qui investissent irrémédiablement leur territoire entraînant une déforestation irréversible; ils ne seraient plus qu'actuellement que 2 200 sur le seul territoire Mexicain. Étant près de certains sites archéologiques ils viennent y vendre des arcs et des flèches, des colliers de graines où des jaguars en bois tachetés de peinture noire sur fond jaune.
Mais la civilisation qui a longtemps fui ne serait - elle pas en train de les rattraper!!! Puisse leur Dieu créateur "Ach Ak Yum" les entendre et les rendre plus forts face à l'invasion de "Coca et autres paraboles...." et garder leurs savoirs, leurs chants et leurs coutumes ancestrales.
Près de à San Cristóbal de las Casas ( voir notre page ) il y a 56 ans; Franz Blom archéologue Danois, mort en 1963 et son épouse Gertrude Duby disparue en 1993 achetèrent ( 1951 ) une grande bâtisse à l'abandon qu'ils baptisèrent : Na Bolom " La Maison des Jaguars" où le couple étudia pendant de nombreuses années la communauté des Lacandóns ainsi que la forêt qui les abrite dans un but écologique.
Na Bolom devint petit à petit "Asociación Cultural Na Bolom " le lieu de rencontre de nombreux archéologues et ethnologues et est actuellement un musée et une bibliothèque qu'il vous faut visiter.
Mais il est aussi possible d'y louer une des 15 chambres pour un week-end, et faire la connaissance, dans la salle à manger, de plusieurs étudiants et académiciens, ainsi que des habitants qui s'occupent de la fondation. Il y a beaucoup de volontaires qui y séjournent pour des périodes de quelques jours et jusqu'à trois mois et font des travaux pour la bibliothèque ou dans le jardin botanique.
Les Lacandons fascinent les ethnologues et anthropologues et leur territoire est protégé bien qu'ils soient dans une zone actuellement un peu instable....
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Pour les contacter :
Asociación Cultural Na Bolom A.C.
Avenida Vicente Guerrero #33 Barrio El Cerrillo
San Cristóbal de Las Casas, Chiapas
C.P 29220 México
Tel. + 52 967 67 8 14 18
Tel. + 52 967 67 8 14 21
Fax: + 52 967 67 8 55 86
L'Académicien et ethnologue Français Jacques Soustelle contribua beaucoup à faire connaître la communauté des Lacandóns dès 1933 et le Mexique dans son ensemble en Europe, nous vous recommandons de lire ses nombreux ouvrages.